Création d'un roman photo

Création d'un roman photoPrésentation du projet et retour d'expérience par E. Camelot

Par Emmanuelle Camelot, enseignante à l’IEFE/ M1 FLE - UFR LLSH

Ce projet a été mis en place pour les étudiants étrangers de l’IEFE, dans le cadre des « ateliers » de deux heures hebdomadaires qui sont proposés parallèlement aux cours de langue, afin de donner à nos apprenants un espace de créativité, axé sur une compétence dans laquelle il leur faut progresser, à raison de deux heures hebdomadaire durant 10 semaines.

Le groupe se situait autour du niveau A2 ( CECR), et était composé d’une mexicaine, deux américains, un brésilien, une australienne, trois colombiens, deux argentins, une coréenne, une équatorienne et une espagnole.

La démarche utilisée s’inscrit dans  « la perspective actionnelle et approche par les tâches » de  la didactique des langues étrangères.

C’est ainsi que différentes tâches ont été successivement proposées aux apprenants, et réalisées par groupe en autonomie :

- tout d’abord, l’enseignante a proposé « l’étude » d’un roman-photo existant : ses caractéristiques, sa structure, le niveau de langue utilisé, le format des bulles, le type et nombre de photos, etc.

- Puis, un brainstorming a été organisé pour que le groupe-classe choisisse le thème de notre projet : « les difficultés rencontrées par les étudiants étrangers à leur arrivée à Pau ».

- La même procédure a été utilisée pour choisir les problématiques de chaque planche : les tracasseries administratives, la cigarette, le rythme de vie, les horaires, l’humour, etc. Chaque étudiant a choisi la problématique sur laquelle il voulait travailler et ils ont réalisé  par deux le « story board » de leur planche : schémas de la photo à prendre et écriture des bulles.

- Une fois ce travail achevé, ils ont mutualisé leurs compétences, linguistiques mais aussi technologiques (photos et réalisation numérique) et pragmatiques ; ils ont joué alternativement différents rôles (figurants, acteurs, réalisateurs, techniciens) et ont frappé à toutes les portes pour trouver les objets nécessaires à la mise en scène.

- Enfin est arrivé le temps de la mise en page de chaque planche, avec différents outils numériques. Puis le projet s’est achevé par la recherche du titre, « De l’autre côté du pont », choisi par vote entre différentes propositions des apprenants eux-mêmes.

- Pour finir, et seulement à ce moment là, l’enseignante est intervenue et a réalisé le livre numérique, qu’elle a projeté aux apprenants lors du dernier cours.

Les étudiants, parfois sceptiques au début du projet, ont a ce moment-là pris la dimension de ce qu’ils avaient réalisé dans une langue étrangère. Les séances successives avaient été marquées par des phases d’enthousiasme évident et des phases de doutes sur l’efficacité de ce type d’apprentissage et de découragement quant à l’aboutissement du projet.

C’est là que le rôle de l’enseignante a été effectif : en effet, pour tout ce qui concerne la réalisation du projet en lui-même, la difficulté pour l’enseignante a été de s’effacer totalement au profit des apprenants, pour les contraindre à mutualiser leurs diverses compétences dans la « langue-cible », en l’occurrence le français, et pour faire en sorte qu’ils soient dans une authentique situation de communication, le français étant leur seule langue « commune ». L’enseignante a dû se contenter d’être un « medium », un « facilitateur », et en aucun cas le personnage central de la pièce ; dû également accepter d’ouvrir sa classe, accepter les va-et-vient  incessants lors de la phase « photos », et d’être parfois simple spectatrice « à disposition ». Excepté dans les moments où il était fondamental que son énergie vienne en renfort pour recréer l’émulation des premiers cours.

S’est également posée de façon incisive la question de la correction : que corriger ? et comment ? Après réflexion, l’enseignante a décidé de ne corriger que les erreurs qui entravaient la compréhension.

C’est à ces seules conditions, en effet – décentration sur les apprenants et corrections minimalistes - que cette réalisation a été, et a pu rester LEUR réalisation, et non la mienne.

L’objectif de départ, la création d’un roman-photo sur un thème choisi par le groupe d’apprenant a été atteint. La réalisation de tâches successives a permis aux étudiants de vivre des situations de communication authentiques, et ainsi d’améliorer la fluidité de l’expression orale et leur connaissance du registre familier.

Scénario, acteurs, photos, montage (groupe d'étudiants étrangers du cours de renforcement d'Emma)  Karla ( Mexique), Natalia ( Colombie), Rachel ( Australie), Ana ( Equateur), Mark (USA),    Isabel ( Colombie), Victor (Brésil),  Elizabeth (USA), Daniel ( Colombie), Irene ( Espagne), Nahuel (Argentine), Silvia (Argentine), Yuna ( Corée)