L'UPPA déploie des robots de téléprésence au service de l'inclusion, de l'adaptation et de la formation d'excellence
Depuis plus de cinq ans, Laurent Gallon enseignant-chercheur à l'IUT des Pays de l'Adour et au Laboratoire d'informatique de l'UPPA (LIUPPA) travaille en partenariat avec le Service d'Aide Pédagogique à Domicile (SAPAD) des PEP40, à l'utilisation de robots de téléprésence pour des élèves empêchés du secondaire, des élèves absents de l'établissement d'enseignement pour de longues périodes (maladies, accidents, phobies, ...).
Le principe est simple. L'élève empêché, depuis son lieu de soin ou son domicile, peut se connecter sur le robot à distance, positionné dans les salles de cours. Il peut ainsi recouvrer le lien social, mais aussi échanger avec l'enseignant, ses pairs, et se déplacer dans les lieux distants. Il assiste donc aux enseignements de façon tout à fait similaire à une présence physique.
Innovation pédagogique : un robot au service d'enseignement
Un robot de téléprésence peut être vu, en première expérimentation, comme un système de visio-conférence installé sur une base mobile. Les premiers robots sont apparus il y a quelques années dans les grandes entreprises américaines pour du travail collaboratif à distance, avec la possibilité de se déplacer d’un bureau à l’autre de manière autonome. Très rapidement, l’usage par les élèves empêchés s’est développé, permettant une véritable inclusion de ces élèves dans la classe, malgré l’éloignement et l’isolement. Il est aussi possible d’utiliser le robot pour un enseignant distant, pour permettre par exemple à des intervenants de renom d’intervenir à distance et réaliser des enseignements d’excellence. Notons enfin que l’usage de ce robot s’est aussi démocratisé dans le milieu médical, et notamment en télémédecine.
Déploiement des robots dans les établissements d'enseignement au niveau national
En France, la région Auvergne-Rhône-Alpes a soutenu une première expérimentation pour les élèves empêchés dans ses lycées de 2014 à 2016. Ce projet a permis de démontrer toute l’importance de l’outil dans le recouvrement du lien social. Pour leurs cent ans, en 2015, les PEP de France ont rapporté les résultats de leurs expérimentations dans plusieurs départements, dont les Landes (en partenariat avec l’UPPA). Le nombre d’initiatives n’a cessé de croître depuis. Dans notre région, pour cette rentrée, sept robots sont utilisés par le SAPAD40. Dix robots sont déployés sur l’UPPA (en partenariat avec la Région Nouvelle aquitaine) à destination des étudiants empêchés, leur assurant ainsi une continuité secondaire-supérieur sur notre territoire. L’INSPE d’Aquitaine se dote elle aussi de huit robots, pour former les futurs enseignants à ces nouveaux outils. Enfin, un plan de grande envergure de déploiement de plusieurs centaines de robots, est actuellement à l’étude au ministère, en s’appuyant en partie sur l’expérience en la matière de l’UPPA et du SAPAD40.
Un projet avec des enjeux dans la recherche scientifique
Le LIUPPA participe à plusieurs projets de recherche ou d’enseignement sur le sujet : PIA2 E-FRAN Persévérons, ANR NCU SPACE, PIA3 TIP ACCES. Tous ces projets montrent l’efficacité de cette solution pour le recouvrement du lien social. Mais la question des apprentissages et de l’évaluation reste entière. Plus particulièrement, les possibilités réduites d’interaction avec l’espace dans lequel se trouve le robot peuvent être rédhibitoires, notamment pour les enseignements pratiques. Le LIUPPA expérimente le rajout d’un environnement connecté au robot (un ensemble d’objets connectés permettant d’agir/de récolter des informations dans l’espace distant), pour permettre à l’élève d’avoir plus de « pouvoirs » et de se rapprocher un peu plus d’une présence physique, réduisant ainsi la distance transactionnelle entre lui et l’enseignant (les apprentissages). L’objectif est d’améliorer l’outil pour l’utiliser plus intensivement (en nombre et dans la durée), et dans d’autres contextes, notamment la formation tout au long de la vie.